Le boulevard périphérique de Paris célèbre aujourd’hui, le mardi 25 avril 2023, son cinquantenaire, après avoir été inauguré en 1973. La construction de cette voie de 35 kilomètres aura duré 17 ans.
Il y a 50 ans, le 25 avril 1973, le Boulevard périphérique était inauguré à Paris avec pour principal but de permettre aux automobilistes de faire le tour de la ville plutôt que de la traverser. Les travaux nécessaires pour la construction des 35 km de routes ont duré 17 ans. Considéré tour à tour comme une frontière ou une passerelle, le périphérique représente un quart des déplacements des Parisiens. L’historien des mobilités et auteur Mathieu Flonneau, dans son livre intitulé En tous sens. Circuler, partager, sécuriser (éditions Loubatières), partage sa vision d’un boulevard périphérique en constante évolution.
Un plan d’après-guerre en perspective
Dès 1943, le projet de création du Boulevard périphérique était envisagé pour répondre à la nécessité impérieuse de mobilité des habitants de Paris, rappelle Mathieu Flonneau. Érigé après la fin de la Seconde Guerre mondiale, il s’inscrivait dans une logique de développement économique et faisait partie intégrante du mythe des Trente Glorieuses.
Plusieurs décennies se sont écoulées, mais l’enjeu initial est toujours pertinent. Selon l’historien, le Boulevard périphérique est une voie qui a une importance locale, municipale, régionale et nationale pour une ville qui a une influence mondiale et une vie locale animée.
Répartie autour de Paris, la ceinture périphérique offre des ambiances diverses selon les différents secteurs. Chaque extrémité de cette ceinture a son propre paysage, sa spécificité et son atmosphère. Du côté nord, de la porte de la Chapelle à la porte Maillot, elle est qualifiée de « l’allée de la publicité », en raison de la présence des grandes firmes qui y exposent ostensiblement leur publicité.
Les travaux qui ont duré 17 ans, de 1956 à 1973, ont entraîné des disparités techniques. Les tronçons les plus récents ont bénéficié d’infrastructures plus modernes : « Ce sont les plus agréables, ils sont plutôt dans l’ouest parisien », explique Mathieu Flonneau. Il se trouve que ces secteurs correspondent aux communes les plus aisées, bien que cela ne soit pas nécessairement lié. La qualité des équipements urbains joue un rôle important dans le fait que la route soit agréable ou se réduise à un simple déplacement utilitaire.
« Le périphérique de Paris : une limite ou une route ouverte ? »
Le boulevard périphérique, souvent perçu comme une frontière routière séparant Paris de sa banlieue, est souvent considéré comme une barrière physique. L’expression « passer le périphérique », largement utilisée dans le langage courant de la région francilienne, est souvent associée à un franchissement difficile à réaliser.
En améliorant l’accessibilité de la ville grâce à ses quarante entrées, le Boulevard périphérique a permis d’oublier une époque où il fallait payer pour entrer dans Paris : « Il y avait une frontière douanière », rappelle l’historien. Une taxe était prélevée sur toutes les marchandises qui traversaient les portes de la ville. Cette pratique de l’octroi a duré jusqu’en 1943.
Selon Mathieu Flonneau, l’existence du périphérique a permis une plus grande accessibilité à la capitale pour un plus grand nombre de personnes. Cela a conduit à une augmentation de la projection domicile/travail et a permis de libérer de l’espace dans les quartiers résidentiels. Bien que critiquable sur le plan environnemental, le périphérique est devenu une pratique courante et a trouvé sa place dans les habitudes de déplacement des Franciliens.
Comment va évoluer le Boulevard périphérique ?
Le Boulevard périphérique est actuellement en mauvais état, bruyant, pollué et congestionné. Selon l’historien Mathieu Flonneau, il est délaissé au profit d’une « cosmétique du centre-ville ». L’infrastructure a été abandonnée et l’automobilisme est devenu archaïque, ce qui ne correspond pas aux besoins actuels de mobilité de la population. Le périphérique devrait être une porte d’entrée de qualité pour la ville, mais il a été laissé à l’abandon. Des améliorations sont nécessaires pour répondre aux besoins réels de la population.
Les responsables politiques de Paris ne sont pas toujours d’accord sur l’avenir du Boulevard périphérique. Les membres de la majorité travaillent sur un projet visant à transformer cette voie urbaine en un boulevard verdoyant, que les piétons pourraient traverser d’ici 2030. Le premier grand changement prévu est la réservation d’une voie de circulation pour les covoitureurs et les transports en commun, après les Jeux olympiques de 2024.
Améliorer le lien existant sans le supprimer, voilà l’objectif à atteindre.
Mathieu Flonneau critique la déréalisation du Boulevard périphérique, qui est considéré comme étant dispensable. Les débats actuels sur son existence sont basés sur une idéologie et un égoïsme municipal cherchant à éviter la congestion de la ville de Paris en la repoussant vers le Grand Paris. Cependant, le périphérique pourrait être modernisé et civilisé en utilisant des voies dédiées, le numérique pour lissage de la fréquentation aux heures de pointe, et des efforts pour améliorer la propreté. Selon l’historien, le périphérique est un lien qui peut être amélioré sans être annulé. On ne peut pas se permettre de supprimer un levier de développement et de modernité pour la ville, car le périphérique fonctionne et sa congestion montre que personne ne veut d’embouteillages.
